POLLINISATION DE L'ABRICOT
La culturé de l'abricot se développe considérablement et de nouvelles variétés originaires d'Amérique séduisent de plus les arboriculteurs français. Alors que la plupart des anciennes variétés européennes étaient auto fertiles, ces nouvelles variétés présentent des taux d'auto fertilité très faibles voire nuls. La présence de variétés pollinisatrices intercompatibles d'abeilles domes-tiques pour transporter ce pollen s'avère donc indispensable à l'obtention de fruits de qualité en quantité suffisante.
Biologie de la reproduction
Chez les variétés auto fertiles ou auto compatibles, le pollen porté par les étamines lorsqu'il est libéré (stade anthères déhiscentes) se retrouve au contact de la partie femelle de la fleur sur le stigmate. Ces grains de pollen peuvent alors germer et développer un tube pollinique qui descend par le style jusqu'au niveau de l'ovaire. La fécondation peut alors avoir lieu par mie mise en contact des chromosomes mâles et femelles dans l'ovule. L'ovaire pourra ensuite grossir et donner naissance au fruit. Une libération d'hormones après fécondation permet le développe ment harmonieux du fruit.
Mais dans la nature il existe de nombreux cas où ce mécanisme est impossible. Les raisons sont multiples décalage de maturité des organes mâles et femelles, existence de fleurs mâles et femelles sépa-rées et surtout incompatibilité génétique ou hormonale : les pollens qui portent les mêmes gènes que la fleur ne germent pas ou très mal, la fécondation est alors impossible alors que des pollens provenant d'autres piailles ou mieux d'autres variétés (allopol-lens) germent sur ce me stigmate.
Ce sont les cas très fréquents d'auto incompatibilité ou auto stérilité qui permettent les brassages génétiques nécessaires à la survie des espèces dans la nature.
Il reste en outre que dans bien des situations d'auto compatibilité l'apport de pollens extérieurs (fécondation croisée) permet d'obtenir une nouaison plus rapide, un meilleur développement des fruits une meilleure résistance au gel.
Comment assurer une pollinisation croisée?
- D'une part fournir une source d'allopollen viables:
- A la plantation prévoir de planter deux variétés inter compatibles et de floraison simultanée (par exemple pour Orangered prévoir la variété hargrand ou Sortilège). L'idéal est d'avoir une rangée de la variété pollinisatrice (P) encadrée de rangées de la variété à polliniser .
- Installer des bouquets floraux de la variété polli-nisatrice (voir encadré);
- Surgreffer un certain nombre d'arbres avec la variété pollinisatrice. Ce gréffon sera posé dans la partie haute de l'arbre et ne devra être taillé que la floraison terminée. leur densité doit être la même que les bouquets.
- D'autre part assurer le transport du pollen par les abeilles
Comme chez la plupart des rosacées, le vent a un rôle négligeable dans le transport du pollen. Les seuls vecteurs efficaces du pollen pour une fécondation croisée sont les insectes. Ceux-ci viennent chercher pollen et nectar dans les fleurs pour leur allimentation. La floraison de l'abricotier, qui est l'une des plus pré-coces de notre région, est attractive pour les insectes.
En effet ceux-ci trouvent en abondance du pollen et du nectar à une époque de l'année où peu d'autres plantes en fournissent dans nos régions (attention tout de même à la concurrence des amandiers et des pêchers en début et fin de floraison).
A leur passage dans la fleur, les insectes retiennent des grains de pollen grâce aux poils qui recouvrenl leur corps. C'est une caractéristiques des Apidae. grande famille à laquelle appartiennent les abeilles. Ce pollen, ainsi transporté de fleurs en fleurs est efficace pour la pollinisation.De plus des essais récents ont montré que tous les passages d'abeilles dans les fleurs d'abricotiers étaient efficaces pour la pollinisation (accès par le sommet de la fleur).
Le pollen qui est stocké sur les pattes arrière des abeilles pour son transport jusqu'à la colonie ne servira pas pour la polIinisation.
Les Bouquets Un chantier essentiel
- Les bourgeons doivent être bien gonflés "stade ballon"
- · Tailler les rameaux en biseaux
- Utiliser des sachets de pollinisation vendus dans le commerce ou des bouteilles en plastique déca-pitées et les remplir d'eau
- Ajouter quelques gouttes (l'eau de javel)
- Compter au minimum un bouquet pour trois arbres
Mieux vaut augmenter le nombre de bouquets par parcelle plutôt que le nombre de branches p& bouquet l'objectif restant d'avoir une plus grande dispersion possible de ces pollinisaIeurs.
Ne négligez pas pour autant la source de pollen en organisant Si besoin un chantier (le bouquets à la bau teur des besoins. Les essais de 1993 et 1994 sur Lambertin n01 ont en effet démontré que le taux de fructification était bien supérieur à moins de 2 mètres des bouquets qu'au delà.
L'apport d'insectes pollinisateurs
Les essais du GRAPP ont montré que dans un verger seules les abeilles étaient en quantité suffisante pour assurer une bonne pollinisation (moins de 3% d'autres insectes).
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- Les colonies et leur préparation
Toutes les races sont utilisables si l'apiculteur a pris soin de sélectionner les colonies dynamiques et d'une précocité suffisante en vue de la pollinisation (les contraintes sont souvent différentes de celles de la production de miel).
L es colonies doivent avoir hiverné avec suffisamment d'abeilles jeunes. Elles doivent avoir des provisions suffisantes puisque c'est ce qui perniet aux colonies d'anticiper sur les floraisons printanières.
Un nourrissement stimulant 3 à 4 semaines avant la pollinisation active le démarrage de la ponte, surtout Si les conditions climatiques sont défavorables.
3 à 4 ruches par hectare sont habituellement néces-saires pour assurer une bonne couverture de pollinisa-lion en augmentant les passages de fleurs en fleurs. Cependant suivant les périodes (début février) et les conditions météo ce nombre doit passer à 6 ou 8 ruches minùnum pour assurer une couverture correcte du verger, CII particulier pour les variétés précoces.
- La disposition et la date d'apport
L'orientation des entrées a peu d'effet par contre il est souhaitable que les ruches soient abritées du vent et exposées au soleil, le matin en particulier. Eviter cependant une orientation plein Nord en février? Pour améliorer l'efficacité de la pollinisation, les ruches peuvent être réparties dans le verger mais il vaut mieux les disposer par 3 ou 4 qu'individuellement. Différentes observations INRA Avignon. ont montré que la concurrence ainsi créée entre les ruches voisines assure une meilleure dispersion des abeilles sur la parcelle. Dans Ces conditions les ruches seront apportées dès le début de la floraison.
Pratiqués en période de floraison ceux-ci peuvent tuer les butineuses ou plus insidieusement par exemple altérer leurs possibilités d'orientatioe (comme la del-taméthrine). Certains traitements fongicides peuvent avoir un effet sur la pollinisation en affectant la viabilité des pollens. En tout état de cause, éviter tout trai-tement pendant les heures de butinage.
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