FICHE TECHNIQUE
POLLINISATION DU MELON
Un melon Cantaloup Charentais de bonne qualité commerciale doit avoir une forme sphérique régulière, une teneur en sucre satisfaisante, une chair nonvitrescente.Il est le résultat,entre autre,d'une pollinisation bien menée.
Biologie florale
Le melon Cantaloup Charentais (Cucumis melo reticulatus Naud) appartient à la famille des Cucurbitacées.
Les fleurs de ce melon peuvent être unies ou bisexuées.
Selon les variétés on peut avoir:
soit des pieds ayant à la fois des fleurs mâles et des fleurs femelles. (variétés "monoiques")
soit des pieds ayant à la fois des fleurs mâles et des fleurs hermaphrodites (= bisexuées). (variétés "andromonoïques").
soit des pieds ayant à la fois des fleurs femelles et des fleurs hermaphrodites. (variétés "gynomonoiques).
Les fleurs femelles ou hermaphrodites sont solitaires et portées par des pédoncules courts et vigoureux.
Les fleurs mâles sont groupées en inflorescence de 3 à 5 fleurs à chaque noeud. Elles sont en général plus nombreuses que les fleurs femelles ou hermaphrodites mais les proportions varient en fonction des conditions climatiques et de l'âge du plant.
Nouaison et fécondation
Que la fleur soit seulement femelle ou hermaphrodite, elle est strictement entomophile, c'est à dire que le transfert du pollen sur les stigmates est le fait exclusif d'insectes pollinisateurs. Parmi ces insectes, l'abeille domestique (Apis Mellifera L.) joue un rôle prépondérant.
La fleur de melon est attractive pour l'abeille tant pour le pollen que pour le nectar.
Les quantités de nectar produit varient beaucoup. Les fleurs femelles ou hermaphrodites sont plus productives que les fleurs mâles, mais la concentration en sucre de celles-ci est plus élevée.
La fleur du melon ne reste ouverte qu'un seul jour. L'activité des insectes commence sitôt l'épanouissement de ces fleurs.
Seules les fleurs fécondées donnent un melon et un nombre important de grains de pollen est nécessaire pour obtenir un fruit de bonne qualité gustative, de forme et de poids convenables, commercialisable. Il existe une corrélation positive entre le poids du fruit et le nombre de graines pleines (INRA Avignon).
Les fleurs femelles non fécondées, chutent après quelques jours mais il se produit aussi une coulure physiologique des jeunes fruits après un temps plus ou moins long, indépendante du niveau de pollinisalion. La plante ne peut "nourrir" simultanément qu'un nombre limité de fruits.
Le délai entre l'épanouissement de la fleur et la récolte du fruit correspondant est très variable:
Les essais réalisés à Mallemort (1990) par l'APREL et l'ADAPI en culture précoce sous abri (variété PRECO) ont montré qu'il variait entre 39 et 58 jours pour les séries de fleurs du 31-03 et 03-04 (avec un maximuin au 44 em jour) et entre 35 et 48 jours (avec un maximum au 4lem jours) pour les fleurs du 17-4.
Les causes d'une mauvaise fécondation
En culture précoce sous abri, les causes d'une mauvaise fécondation sont essentiellement dues à des problèmes d'environnement.
Mauvaise pollinisation
Les fleurs de melon ont une durée de vie brève une seule journée. Elles ne disposent donc que de quelques heures pour être fécondées. En début de saison, une bonne luminosité est nécessaire à l'intérieur des abris pour une activité maximale des abeilles. Un temps couvert ou pluvieux, des plastiques blanchis, l'ombre portée par une haie ou un bâtiment entraînent une moins bonne fréquentation des fleurs par les abeilles. De même. un mistral très violent inhibe l'activité des abeilles quand les ruches sont en dehors des serres.
Excès d'humidité ou de chaleur
Il a été montré qu'une humidité excessive ou des températures élevées pouvaient amoindrir pire empêcher les capacités germinatives des grains de pollen. Une très bonne aération des tunnels s'impose donc. Il faut éviter la condensation matinale dans les serres qui déclenche parfois une véritable pluie sur les fleurs et nuit à la qualité du pollen et au travail des abeilles.
Technique de pollinisation avec l'abeille domestique
Mise en place de colonies d'abeilles
Les essais réalisés en 1991 par l' INRA Avignon., l'APREL. et l'ADAPI ont montré qu'une nouaison trop précoce sur des pieds insuffisamment développés augmentait la proportion de melons vitrescents en début de récolte. Il faut donc trouver un compromis entre la précocité de la récolte et le développement optimal des plants, c'est à dire attendre quelques jours (5 à8 jours) après l'apparition des premières fleurs femelles pour introduire les colonies. L'expérience et l'observation nous ont montré que tant que le plant n'est pas suffisamment développé, les fleurs de melon sont peu attractives et que les insectes pollinisateurs les visitent peu.
Positionnement des colonies
Pour des cultures précoces sous abri, une colonie par tunnel est nécessaire. Celle-ci sera placée à l'intérieur du tunnel, à l'une de ses extrémités, impérativement du côté soleil couchant, à proximité de la paroi plastique qui sera trouée au niveau de la ruche afin (le permettre une libre circulation des abeilles à l'extérieur du tunnel. Si on hésite à percer la bâche, on peut ménager un passage permanent aux abeilles entre le panneau de porte elle premier arceau. l'es essais 1991 (APREL-ADAPI) ont montré que celle configuration permet d'obtenir une activité de butinage suffisante pour l'ensemble du tunnel, même Si les conditions météo sont défavorables. De même, en plaçant la colonie à l'intérieur de la serre, on limite l'effet attractif de floraison concurentes (cerisiers ,pommiers,pissenlits,colza.)
Il est préférable de positionner la colonie d'abeilles à l'ouest de la serre. le choix entre coté No ou So se fera en veillant à ce que la colonie ne soit pas gênée par l'ombre portée sur la serre (par une haie brise vent par exemple).
Il est également possible de placer les colonies à cheval sur la paroi ou avec une double entrée.
Le serriste devra particulièrement éviter les pièges a abeilles que constituent les replis du plastique. Des sorties (perforations de quelques centimètres dans le plastique) seront aménagées là où les abeilles s'agglutinent.
Force des colonies
Les différents essais ont montré que la population d'abeilles d'une ruchette (10 à 15 000 abeilles) est largement suffisante pour assurer une bonne pollinisation de la culture pour un tunnel de 1 000 m2 environ. Il est bien évident que tout traitement phyto dangereux pour les abeilles doit être proscrit et que le calendrier de traitement doit être raisonné en fonction de la présence des abeilles.
Durée de la pollinisation
La pollinisation du melon se réalise sur trois semaines, parfois moins. on peut laisser les abeilles quatre semaines pour assurer au mieux la couverture de la floraison qui peut varier en fonction des conditions de cultures et de météorologie, Passé un mois, les ruchettes en serre ne sont plus nécessaires la floraison devient faible et les fleurs fécondées à cette période coulent de façon quasi systématique (coulure physiologique). Pour assurer la deuxième récolte de melon (retranche) on peut se contenter d'une ruche pour plusieurs tunnels, placée à l'extérieur, Les conditions météorologiques ne justifient plus la présence d'une colonie d'abeilles par serre.
Les conditions optimales de pollinisation du melon précoce nécessitent la présence d'une colonie par serre .Les colonies seront introduites 5 à 8 jours aprés l'apparition des premières fleurs pour une durée de 3 ou 4 semaines.
Rédactreurs: J. Vilain, P.Bonnaffé, N.Maudoigt.
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